LES MARQUES







 

Capital de marque : la valeur de la marque

Brand asset valuator
Comme nous l'avons vu dans le chapitre précédent, la marque permet aux entreprises de se différencier du reste de la compétition, mais cette différenciation ne suffit pas à identifier le capital de la marque.
Le " Brand Asset Valuator " est un modèle de gestion dynamique des marques provenant de Young & Rubicam, un outil unique de recherche sur le capital de la marque. Actuellement, il est constitué d'une énorme base de donnée sur la perception des marques qu'ont les consommateurs, permettant de fournir des études comparatives sur la valeur du capital de milliers de marques à travers des centaines de catégories différentes.
Cet outil aide à élaborer les stratégies de marques, permettant de planifier facilement les extensions et les décisions de maintien ou d'augmentation de la valeur de la marque. Il apporte des tendances fiables et globales à une marque, à partir de la mesure par les consommateurs de ses forces, faiblesses et potentiels.

Il existe 4 composantes clés constituant la santé d'une marque dans le modèle BAV. Ces 4 piliers proviennent de mesures variées qui se rapportent à différents aspects de la perception de la marque par les consommateurs, montrant pris ensemble la progression du développement de la marque :

- La différenciation qui mesure le degré avec lequel une marque est perçue comme différente des autres. Il s'agit d'une condition nécessaire pour construire une marque profitable.
- La pertinence mesure la largeur des attraits d'une marque, le nombre et la pertinence des réponses apportées aux besoins et attentes des consommateurs.
- L'estime mesure comment la marque est regardé et respecté, en observant particulièrement la qualité et la popularité.
- La familiarité mesure de quelle manière le consommateur est intime et proche de la marque ainsi que son niveau de connaissance envers celle-ci.


Un examen de la relation qu'il existe entre ces 4 dimensions permet d'établir un patron de la marque. Il permet d'en dire plus sur le statut actuel et futur de la marque :
-Les nouvelles marques juste après leur lancement ont généralement un faible niveau auprès des 4 piliers.
-Les marques fortes montrent généralement un haut niveau de différenciation, plus que les autres piliers.
-Les marques leaders montrent un haut niveau sur les 4 piliers.
-Les marques déclinantes voient un haut niveau de familiarité dû à la performance passée, mais commencent à s'éroder sur les trois autres piliers, surtout la différenciation.


Ces 4 pilliers peuvent se diviser en deux dimensions :
- La force de la marque qui est composé de la différenciation et de la pertinence apportant ainsi des renseignements sur le potentiel de la valeur de la marque dans le futur.
- La stature de la marque avec l'estime et la familiarité qui déterminent surtout le pouvoir actuel de la marque avec un lien sur les performances passées.

A partir de ces dimensions Young & Rubican ont crées une grille d'analyse du pouvoir de la marque appelé " powergrid " composé de 4 cadres :
- Le cadre en bas à gauche où se situent les marques qui généralement débutent leurs vies, avec un premier besoin de développer leurs différenciation et leurs pertinence puis d'établir leurs raisons d'exister sur le marché en montrant que leurs présences ont du sens.
- Le cadre en haut à gauche où se trouvent les marques qui ont augmentées leurs différenciations et leurs pertinences. Ce sont généralement des marques ciblant un large public, avec un potentiel qui n'est pas encore réalisé au niveau de la stature de la marque. Il existe aussi les marques spécialistes ou ciblant une faible population qui restent généralement dans ce cadran et utilisent leurs forces pour occuper profitablement une niche. Du point de vue de la firme leader, les marques situées dans ce cadre sont les nouveaux concurrents potentiels.
- Le cadre en haut à droite est peuplé par les marques leaders, celles qui ont un haut niveau de force et de stature. Il y a des marques relativement nouvelles et d'autres qui ont réussies à maintenir leurs positions (Ex : Coca-Cola). Cependant le déclin du capital de la marque n'est pas inévitable avec une force qui diminue généralement par un manque de différenciation.
- Le cadre en bas à droite est constitué des marques vulnérables qui utilisent souvent une diminution de leurs prix et de nombreuses promotions pour essayer de conserver leurs marchés.

(Source : Keller, 2003, Strategic Brand Management)

Customer-Centered Brand Management
Le modèle BAV ne constitue pas la seule vision possible pour utiliser le capital de la marque. De nombreux managers sont d'accord aujourd'hui avec la notion selon laquelle ils devraient se pencher sur la croissance de la durée de vie de la valeur existante, dans leurs relations avec les clients. Cependant les actes sont différents des dires et la plupart des managers insistent surtout sur le management de la marque dont nous avons vu un outil dans le paragraphe précédent sans se préoccuper du capital des consommateurs.
En effet dans de nombreuses compagnies de biens de consommation, comme General Motors la marque est la raison d'être. Ces compagnies s'endettent à travers l'expansion de leurs marques, avec le postulat que leurs ventes suivront.

Or, cultiver le consommateur, même au gré des dépenses prévues pour la marque conclurait sûrement à une bonne part de profit. Pour avoir du succès dans le temps, il faut se concentrer à maximiser la durée de vie de la valeur des clients. Le profit s'accumulera avec les transactions des clients durant tout le temps que ceux-ci auront une relation avec la compagnie.

Ceci dit, cela ne veut pas dire que la marque n'a plus d'importance, mais son management doit se faire au service d'un but plus important qui est le capital client. Elle doit refléter l'identité des consommateurs en leur apportant une signification. Les deux capitaux (marque et consommateurs) doivent être managés en concert. Rust et al, 2004 proposent 7 directives permettant d'aider à manager le capital de la marque en fonction de celui des consommateurs :

- Les décisions de la marque doivent dépendre de celles qui sont faites à propos des relations avec le client.
- Il faut construire les marques exclusivement autour des segments de consommateurs choisis.
- Il faut que la marque cible le plus étroitement possible.
- Il faut planifier ses extensions de marques sur les besoins des consommateurs et non en fonction de produits qui auraient des composantes similaires.
- Il faut donner la possibilité aux consommateurs de changer de marque facilement à travers la compagnie. Les marques sont perçues de manière individuelle et il ne sert à rien de gaspiller de l'énergie pour essayer de sauver une marque, alors que la plupart des consommateurs de celle-ci seraient prêt à bifurquer vers une autre marque de l'entreprise.
- Il ne sert à rien de prendre des mesures héroïques pour sauver une marque.
- Il faut adapter la façon de mesurer le capital de la marque.

Source : Roland T Rust, Valarie A Zeithaml, Katherine N Lemon (2004) " Customer-Centered Brand Management ", Harvard Business Review. Boston: Sep 2004.Vol.82, Iss. 9; pg. 110.