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Accueil Technopédagogie / Professeurs / Bulletins Virtuose / Vol. 2 No. 2 / Création et partage de REA


CRÉATION ET PARTAGE DE REA, LE QUÉBEC EST DE LA PARTIE

Dans le monde de l’éducation, la production de ressources numériques liées à l’enseignement a augmenté de façon considérable dans les dernières années. Ces ressources, initialement appelées « objet d’apprentissage », ont été rebaptisées « REA » pour « ressources d’enseignement et d’apprentissage » par des comités de normalisation en éducation.

Dans le document déposé en mars 2005 par la délégation canadienne au Comité ISO/IEC JTC1/SC36, une REA est définie comme « toute entité, numérique ou non numérique, conçue ou pouvant être utilisée pour des fins d’apprentissage, d’éducation ou de formation ». Ainsi, tout objet ou document, utilisé par les enseignants pour enseigner ou par les étudiants pour apprendre, peut théoriquement être une REA. Aujourd’hui, les enseignants produisent une grande quantité de REA numériques : des présentations PowerPoint, des documents, des chiffriers, des capsules vidéo, des exercices en ligne, etc. En raison de leur format numérique, ces REA ont un fort potentiel de partage et de réutilisation à travers les canaux Web.

Qui s’intéresse aux REA?
Au niveau international, la volonté de partage et de réutilisation de ressources éducatives a pour objectif la création d’un patrimoine éducatif mondial, gratuit et de qualité. Ce mouvement de « ressources éducatives ouvertes » est soutenu par l’UNESCO et se développe à travers différents organismes dont certains soutiennent l’OER - Open Educational Resource.

Au niveau québécois, des considérations financières favorisent l’approche de partage et de réutilisation des REA. En effet, les administrateurs des institutions d’enseignement observent que des développements de REA numériques se font de façon isolée, parfois sur des thèmes semblables. Or, les coûts de production augmentant, du fait du nombre de ressources produites ou de l’utilisation de technologies sophistiquées, il y aurait un grand intérêt à faire jouer les synergies et penser « partage et réutilisation » dès le début d’un projet. D’après Robert Thivierge, président du Conseil consultatif canadien sur les normes en apprentissage en ligne, cela pourrait d’ailleurs avoir un impact positif sur les décisions de financement de développement de contenu pédagogique puisque les organismes de financement pourraient être moins réticents à mettre de l’argent dans des « actifs » durables et partageables.

Cependant, bien que cette approche permettrait potentiellement à un enseignant de diminuer le temps de préparation du matériel pédagogique tout en enrichissant son enseignement avec des ressources intéressantes, force est de constater que l’utilisation et le partage de REA sont des pratiques très peu répandues au niveau universitaire. Ce partage soulève plusieurs questions importantes et différents facteurs peuvent expliquer le non-engagement des enseignants.

Le degré de granularité, difficile à trouver
Afin de partager ou de réutiliser une REA, il faut d’abord l’isoler de son contexte d’utilisation. Ceci soulève la question du niveau de granularité optimal pour qu’une ressource puisse être utilisée dans différents contextes par différents enseignants sans qu’elle perde son sens. Qu’est-ce qui constitue un contexte? Le cours, une séance du cours, une activité, un PowerPoint, un acétate du PowerPoint? Décider de la granularité d'une REA qu’il veut réutiliser et/ou partager ou introduire une REA de façon transparente parmi les autres ressources déjà utilisées dans un cours, sont des activités qui requièrent nécessairement un investissement en terme de temps pour l'enseignant. De ce fait, cette question de granularité et ses impacts est loin d’être résolue.

Les normes, difficiles à utiliser
Lorsqu’une ressource a été isolée afin d’être partagée, il faut la catégoriser afin qu’elle puisse être trouvée parmi toutes les REA disponibles sur le Web et dans les dépôts de REA. De la même façon qu’on décrit les fichiers de musique et les livres, il est possible de décrire une REA à l’aide d’un ensemble de balises, les métadonnées. Ces métadonnées sont par exemple le nom de la REA, l’auteur, la matière, etc. Il est essentiel d’adopter une norme qui définit ces métadonnées afin d’assurer une recherche et un moissonnage efficace qui permettra à un utilisateur de trouver la REA qu’il cherche. Plusieurs groupes ont travaillé à définir ces métadonnées et la norme généralement acceptée aujourd’hui est le LOM (Learning Object Metadata). Au Québec, le groupe GTN-Québec est très actif dans ce domaine. Ce groupe a défini un profil d’application dérivé du LOM qui a pour objectif de répondre aux besoins spécifiques des établissements d’enseignement québécois en matière de REA.

Les droits d’auteur, une question délicate
Le partage des REA soulève des questions centrales au sujet des droits d’auteur. Les droits d’auteurs sur les REA doivent permettre leur réutilisation dans le contexte de l’enseignement. Le traditionnel Copyright peut être trop restrictif pour permettre la libre réutilisation des ressources par d’autres enseignants. Il existe d’autres contrats mieux adaptés au contexte du partage de ressource numérique, notamment la licence Creative Commons

Qui utilise des REA ?
Il est intéressant de constater que les pratiques de partage et de réutilisation des REA sont plus répandues sinon discutées dans les institutions d’enseignement primaire et secondaire que dans l’enseignement supérieur. Il est possible que, comme les programmes imposent un cadre plus précis pour le contenu des cours, il soit plus facilement envisageable de partager des ressources, car les besoins et les contextes sont plus semblables.

Le réseau des UQ est probablement le regroupement d’Universités les plus actives dans le domaine des REA. Un dépôt de REA a été créé pour chacune des Universités du Québec et ces dépôts sont reliés par une banque fédérée. Paloma Web, une application développée par la TELUQ, permet d’interroger ces dépôts de REA pour trouver les ressources recherchées. Cette application permet également de faire des recherches sur d’autres dépôts de REA qui font partie du réseau international GLOBE. GLOBE comprend des dépôts de REA nord-américains et européens.

En apprendre plus sur les REA
La CREPUQ (Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec) participe activement à cette réflexion sur les REA et leur réutilisation. La CREPUQ organise régulièrement des activités concernant les REA et les normes qui les régissent où elle invite les enseignants, les équipes de soutien pédagogique et les administrateurs à participer. En novembre dernier, plusieurs membres de Technopédagogie ont assisté au colloque « Implantation de banques de ressources : défis et pistes de solutions » qui a eu lieu à la TELUQ.





Liens intéressants :

• Learning Object Metadata
• Dossier REA d'Educnet
• Creative Commons
• GLOBE