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Chronique

Technologie: Copernic Agent 6, raffinement et intégration avec Internet Explorer

Michel Dumais
Édition du lundi 9 septembre 2002

Mots clés : Canada (Pays), Informatique, Internet, logiciel

Création de résumés intelligents, intégration accrue de la syntaxe des moteurs de recherche, outil de veille, redéfinition et personnalisation des catégories de recherche. Les développeurs de Copernic ont manifestement écouté les utilisateurs avec l'introduction de cette nouvelle incarnation du progiciel québécois le plus connu sur la planète. Une brillante réussite, avec, toutefois, un ou deux petits bémols. Si peu, si peu!

Copernic Agent 6, dans cette nouvelle mouture et particulièrement dans sa déclinaison professionnelle, risque fort d’intéresser une nouvelle catégorie d’utilisateurs : les spécialistes de la veille et de la recherche. En effet, les nouvelles fonctionnalités présentes uniquement dans la version pro en titilleront plus d’un. Soyez rassuré, le bon vieux Copernic généraliste destiné au grand public demeure, même si cette version aussi a subi un revampage complet.

Dès le premier coup d’œil, lors du lancement de l’application, on s’aperçoit que l’interface utilisateur a subi un dépoussiérage. Rien de dramatique, les utilisateurs actuels de Copernic 2001 ne se sentiront nullement désorientés. Mais, en y regardant de plus près, on constate que celle-ci est un tantinet plus limpide, et ce, malgré les nouvelles fonctionnalités. Tous les icônes et les menus déroulants sont à leur place, l’interface des catégories de recherche revue avec intelligence, pas besoin de chercher de midi à quatorze heures pour y trouver quelque chose. Le mariage entre l’interface de Windows XP et celle de Copernic est impeccable.

Et que dire de l’intégration avec le fureteur Internet Explorer de Microsoft ? Exemplaire à tous points de vue. Les outils de Copernic sont tous intégrés directement dans une nouvelle barre d’outils dans IE. Certains aimeront, d’autres pas, mais rien à dire sur cette fusion du navigateur de Microsoft et de Copernic.
Évidemment, on aurait bien aimé voir la même intégration avec Mozilla. Malheureusement, rien n’est encore prévu à court terme, bien que Martin Bouchard, le président fondateur de Copernic, me précise qu’une fusion avec Mozilla soit à l’étude en ce moment.

Mais ce n’est pas tout d’avoir un joli popotin à montrer à ses usagers, encore faut-il avoir de l’intelligence, et Copernic en a à revendre. Par le passé, j’avais toujours déploré le peu de flexibilité de la fenêtre des catégories de recherche. Le nombre de moteurs disponibles y était abondant, certes, mais pour se créer une catégorie toute personnelle, alors là, désolé, rien à faire. Enfin, Copernic a écouté ses utilisateurs, et il est aujourd’hui possible de se créer moult catégories personnelles en groupant des moteurs de recherche provenant de secteurs tout ce qu’il y a de plus différent.


Par exemple, imaginons un collectionneur maniaque de figurines jouets. Outre ses recherches intensives sur le Web, celui-ci veut en même temps, à partir de la même requête, fouiller les entrailles du site d’encans en ligne eBay, pour peut-être y trouver la pièce rare qui manque à sa collection. Avec cette version de Copernic, il pourra maintenant créer sa propre catégorie de recherche en combinant quelques moteurs de recherche comme Google, Teoma et Altavista, avec, en plus, celui du site eBay.
Les spécialistes de la recherche vous le diront : interroger un moteur de recherche, c’est bien, mais en connaître la syntaxe et savoir utiliser les différents opérateurs spécialisés, c’est s’assurer de ne trouver que la bonne information, tout en éliminant le bruit causé par la visualisation d’occurrences non pertinentes. La section «filtres» dans Copernic permet maintenant de préciser une recherche, de s’assurer que seule la bonne information y soit dévoilée.

Un souhait
Une petite critique aux développeurs de Copernic, cependant, et un souhait déjà exprimé, que j’aimerais bien voir se réaliser dans une prochaine version de Copernic. Bien que pour la grande majorité du public les moteurs de recherche et les catégories offertes par le firme québécoise soient amplement suffisants, il me semble, à mon pas très humble avis, que Copernic devrait mettre à la disposition de tous un ensemble de développement de moteur de recherche (SDK) permettant à qui le veut bien de «programmer» une interface de recherche pour un site particulier. Par exemple, quelqu’un pourrait se décider à programmer une interface permettant d’interroger le moteur du Devoir, tout en mettant à profit sa syntaxe. Ce module pourrait être par la suite offert à la communauté.

À l’heure où de plus en plus de logiciels, propriétaires ou à code source libre, s’ouvrent aux standards ouverts en publiant ainsi ce «kit de développement», Copernic pourrait ainsi créer une norme. Au même titre que les modules d’extension de Photoshop, par exemple. Bref, on peut toujours rêver. J’en suis assuré, nombre de professionnels de la recherche et de la veille, ainsi que le grand public, verraient d’un très bon œil la mise en service d’un tel ensemble de développement de modules d’extensions Copernic.

Analyse
Les versions précédentes de Copernic nous ont habitués à valider les occurrences résultant d’une requête de recherche, c’est-à-dire éliminer les liens menant à des pages ayant disparu des méandres du web. Or, une fois la première recherche achevée, outre le filtrage et la validation des liens, Copernic nous permet encore d’aller plus loin dans l’affichage de résultats pertinents et valides.

En effet, l’outil d’analyse avancée reprend les résultats de la recherche et triture encore plus ceux-ci. D’un simple clic de souris, il est possible de valider les liens, de détecter la langue de la page en question et de l’afficher dans la fenêtre des résultats, d’afficher les dates de création et de modification des pages, d’éliminer les pages ne contenant certains mots clés tout en extrayant les concepts des pages retenues et de créer un sommaire dans un nombre de mots prédéfinis par l’usager. Un très bon coup de la part de Copernic, qui intègre ainsi la technologie de son progiciel Summerizer à celle de Copernic Agent Pro. Ne vous attendez pas, toutefois, à un résumé parfait, la technologie de Summerizer ayant ses limites. Mais, dans la très grande majorité des cas, le sommaire proposé est très proche du texte complet.

Pour qui surveille ses concurrents, ou celui qui «veille» plusieurs sites sur un sujet donné, les fonctions de veille (tracking) de Copernic suffiront amplement. Toutefois, n’allez pas croire que Copernic puisse remplacer le meilleur outil de veille et d’interprétation qui soit : l’humain. Copernic n’a pas cette prétention. Mais, pour une petite entreprise, un travailleur autonome ou quelqu’un en communications ou en stratégie, Copernic Pro apporte une valeur ajoutée aux requêtes de recherche.

Supposons que je sois un spécialiste dans la reproduction des hannetons en Antarctique Sud, un sujet hautement spécialisé s’il en est. Une fois ma requête de recherche créée et mes résultats affichés, je désire que celle-ci puisse être répétée jour après jour et que je puisse être averti par courriel de tout changement à une page, ou de l’apparition d’un nouveau site sur le sujet.

Je peux ainsi programmer (un bien grand mot, l’interface étant d’une grande limpidité) rapidement un tel genre de demande. Désirais-je plutôt une recherche hebdomadaire ? Avec une validation des liens et un résumé ? Copernic me donne toute la flexibilité voulue pour avoir ce type de veille.
Les versions personnelle et professionnelle nous offrent aussi la possibilité d’annoter chacun des résultats et de créer des dossiers et des sous-dossiers : pratique lorsqu’on a plusieurs clients ou sujets différents et qu’on ne veut pas mélanger les requêtes.

Même en ayant intégré dans Jaguar la nouvelle version de Sherlock 3, un outil semblable mais moins puissant et moins flexible que Copernic, je suis obligé de vous décevoir, amants de la Pomme qui bavez d’envie face à cette nouvelle version de cette firme de la belle capitale. Justement parce que Sherlock existe, Copernic n’investira pas un sou dans une nouvelle version à la saveur Macintosh. À moins d’utiliser un émulateur comme Virtual PC, les plaisirs solitaires de Copernic vous sont refusés.

Mais, pour qui trime sous Windows, Copernic Agent 6 se veut encore le meilleur métamoteur disponible actuellement. On peut évidemment rêver de voir un jour les quelques souhaits émis plus haut se réaliser mais déjà, dans sa version actuelle, Copernic répond aux besoins de la très grande majorité des utilisateurs qui veulent trouver l’aiguille dans cette grande botte de foin qu’est le Web. Toutes les versions de Copernic Agent 6 sont maintenant disponibles en français, en anglais, en allemand et en espagnol.