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ALLOCUTION DE LAURENT LAPIERRE

 

Lancement de la Chaire, 2001-02-08

 

Monsieur le Chancelier
Monsieur le recteur de l'université de Montréal,
Monsieur le directeur de l'École des HEC et de l'École polytechnique,
Monsieur le président et chef de la direction de Quebecor,
Chers amis,

 

Mon allocution sera brève et va couvrir deux points : des remerciements et quelques mots sur le leadership et sur les grandes orientations de la Chaire Pierre-Péladeau. Je veux d'abord dire ma gratitude à la famille Péladeau, particulièrement à Pierre Karl Péladeau, et à Quebecor.  Que cette grande entreprise québécoise décide de soutenir le développement de la connaissance en leadership et d'y associer le nom de son fondateur, un grand entrepreneur et un grand leader du milieu des affaires, est non seulement une bonne nouvelle mais aussi un message ou un signe de l'importance que les gens d'affaires accordent au leadership. La tradition de leadership se poursuit dans la famille et nous nous en réjouissons. Cette dotation va nous permettre de décupler nos travaux et notre influence. Merci à Quebecor et à la famille Péladeau.

 

Vous me permettrez aussi de remercier vivement Pierre Laurin et l'École des Hautes Études Commerciales.  En 1972, Pierre Laurin a été responsable de l'introduction des cours de leadership dans une perspective dynamique.  Avant de devenir directeur de l'École, vice-président à l'Alcan et Chef de la direction de Merrill Lynch Québec, il a donné, au MBA, un cours de leadership qui a été très populaire, que ma collègue Francine Harel Giasson et moi avons repris par la suite.  Ces cours sont toujours offerts sous des titres qui varient et sont sous la esponsabilité de professeures qui seront étroitement associées à la Chaire Pierre-Péladeau.  Il me fait plaisir de vous présenter ces trois professeures associées :

  • Francine Harel Giasson, professeure titulaire;

  • Veronika Kisfalvi, professeure agrégée

  • Patricia Pitcher, professeure agrégée

du Service de l'enseignement du Management.  Nous sommes tous les quatre de grands complices pour l'ensemble de notre travail et pour tous les cours de direction et de leadership qui sont offerts à l'École des HEC. Pierre Laurin nous a laissé en héritage non seulement des cours, mais aussi une orientation de recherche et une orientation pédagogique qu'il a rapportées de la Harvard Business School, où il avait fait son doctorat et été assistant de recherche du professeur Abraham Zaleznik, une sommité mondiale en matière de leadership. Il a été notre mentor de plusieurs façons : par l'intérêt qu'il prenait à ce que nous étions et à ce que nous faisions, par sa préoccupation de recherche centrée sur la réalité, centrée sur les personnes qui exercent du leadership dans les organisations et centrée sur la dynamique  personnelle,  les dilemmes et les conflits susceptibles de se produire quand on se trouve dans de telles positions. On ne sera donc pas étonné alors de constater que le Comité d'orientation de la Chaire Pierre-Péladeau soit composé de façon égale de membres qui viennent du milieu de la pratique et du milieu universitaire et qu'il soit sous la présidence de Pierre Laurin, administrateur invité à l'École des HEC. Outre Pierre Laurin, ce comité d'orientation comprend :

  • Alain Bouchard, président du conseil, président et chef de la direction, Alimentation Couche-Tard

  • Sylvie Cordeau, conseiller de direction, Bureau du président, Quebecor

  • Francine Harel Giasson, professeure titulaire, École des HEC

  • Abraham Zaleznik, titulaire émérite de la Chaire de leadership Konosuke Matsushita, Harvard Business School

  • Et le titulaire de la Chaire de leadership Pierre-Péladeau

Dans cette école, à chaque fois qu'un professeur a un projet valable et qu'il est prêt à mettre son cœur, son intelligence et son énergie à le réaliser, non seulement on lui ouvre les portes, nais on lui facilite la tâche.
Merci à Pierre Laurin et merci à l'École des HEC !


On me permettra de dire un mot de Pierre Péladeau.  C'est une des premières personnes auxquelles j'ai pensé lorsqu'il s'est agi, pour moi, d'écrire un cas sur un leader du monde des affaires.  En collaboration avec Geneviève Sicotte, nous avons produit un cas qui a été publié dans la revue Gestion en novembre 1988.


Pierre Péladeau n'était pas seulement un homme entreprenant et animé du désir de gagner; c'était un homme instruit.  Il avait étudié la philosophie et le droit. Malgré les efforts qu'il faisait parfois pour ne pas le paraître, il était aussi un homme extrêmement sensible et cultivé.  En plus de nous faire entendre Beethoven pendant l'entrevue que nous avons réalisée avec lui au mois d'août 1988, il nous a parlé avec passion de ce grand compositeur, à un point tel que, plus que les chaînes culturelles de la radio d'État, il aurait probablement pris ombrage du changement d'adresse de Beethoven dont se glorifie une nouvelle station privée.


Pierre Péladeau était un grand leader, avec des manques dont il ne s'est pas caché, et là dessus particulièrement, il nous a donné de grandes leçons, mais avec une énergie et une intelligence qui ont laissé derrière lui un bel héritage.  Il avait un grand sens des affaires, un grand appétit de succès et un grand flair dans les choix de collaborateurs forts. Il s'intéressait personnellement aux personnes qui lui étaient chères. Je suis fier d'être le premier titulaire d'une Chaire de leadership qui porte son nom.
Où que tu sois, merci Pierre Péladeau !

 

Quelques lignes directrices
L'heure n'est pas aux grands exposés, mais je me dois de donner quelques lignes que la Chaire entend suivre. La pérennité financière de la Chaire nous permettra de le faire.  Le leadership, le mot l'indique, c'est une direction qui vient de la personne du leader.  C'est à la fois une question de contenu et de substance, mais aussi une question de forme.  La «manière» tient pour une grande part dans le leadership.

 

Leaderships pluriels
Un leader doit savoir s'entourer de collaborateurs forts et c'est encore plus vrai dans des sociétés où les gens sont de plus en plus instruits et de mieux en mieux informés.  Les leaderships d'aujourd'hui sont souvent pluriels, ils sont aussi le fruits de discussions et de tensions qui peuvent être dynamiques et très complexes. Avec de l'audace, de l'intelligence et du travail, on peut changer son milieu pour le mieux.  Une Chaire en leadership intéresse les gens qui croient qu'on peut changer le monde, pas des chercheurs ou des gestionnaires cyniques, défaitistes ou désabusés.  Quoiqu'en disent les prophètes de malheur, l'humanité s'améliore de générations en générations et nous allons simplement chercher à mieux comprendre le leadership pour favoriser des pratiques meilleures, c'est-à- dire plus réalistes.

 

Le leadership est-il inné ou acquis?
Comme il n'y a pas de grand compositeurs, de grands écrivains ou de grands interprètes sans un minimum de talent, il est évident qu'il n'y a pas de leadership sans un minimum de talent. En ce sens, le leadership est inné.

Mais la plupart des grands artistes s'entendent pour affirmer que la même évidence : le talent, c'est un minimum nécessaire, mais non suffisant. Les grands écrivains lisent d'autres grands écrivains, les grands interprètes vont voir et entendre d'autres grands interprètes, tout comme les grands leaders observent d'autres grands leaders; pas pour les copier, mais pour comprendre en vue d'apprendre.  Qu'on soit interprète, écrivain ou leader, on porte différemment attention à ceux et celles qui font la même chose que soi. On cherche à décortiquer pour comprendre, pour savoir ce qu'on peut prendre pour soi et ce qu'on va rejeter. Et tous ces gens-là ont quelque chose en commun, ils travaillent très fort. On pourrait donc aussi affirmer que le leadership est acquis.

 

Notre façon de faire la recherche
Nous allons mener nos recherches en mettant à contribution l'intelligence que les leaders ont eux-mêmes du leadership.  Que ce soit dans le monde des affaires, les milieux artistiques, scientifiques ou politiques, les leaders ont une certaine intelligence de ce qu'ils sont et de ce qu'ils font.  C'est cette intelligence que nous allons continuer de découvrir petit à petit, de façon à ce qu'elle aide ceux et celles qui ont du talent à développer le leur.  Pas de modèle unique, pas de recettes et pas de morales. Nous aurons comme objectifs de tenter de comprendre le leadership et d'aider à le développer dans les affaires et la société en général. Grâce au soutien de Quebecor, nous aurons des ressources pour le faire mieux, plus en profondeur et plus vite. Voilà qui ne déplairait pas à Pierre Péladeau.